Accident de travail



Vous trouverez, ci-attaché, la version du réclamant EN RAPPORT AVEC un
accident de travail.

-> Monsieur Lachance, nouvellement engagé par la compagnie de
construction Méridien Inc.

-> Le travail du réclamant consistait à descendre du toit d'un édifice
de deux étages un surplus de briques qui était resté sur le toit.


Rapport enregistré du réclamant, fait à Montréal, le 14 juillet 1992.

Q.: Monsieur, auriez-vous l'amabilité de raconter les faits de
l'accident?
Votre réponse est enregistrée.

R.: J'pensais sauver du temps. J'ai fixé un madrier avec une poulie en
haut de la bâtisse et j'ai passé une corde dans la poulie avec deux
bouttes qui descendent jusqu'à terre.

J'ai attaché un baril vide au boutte de la corde, pis j'le monte en
haut de la bâtisse. Ensuite, j'attache l'aute boutte de la corde à
un arbre. Là, j'monte sul toit, pis j'remplis le baril de briques.
Ensuite, je r'tourne en bas pis j'viens pour détacher la corde pour
faire descendre le crisse de baril. Mais le tabarnac de baril est
benque trop pesant pour moé et avant que je réalise quoi que ce soit,
hostie, le baril me monte en l'air yenque d'une chotte. Là, chu trop
haut pour lacher la corde, j'avas pas l'choix, j'ai tenue la corde en
hostie. À moitié chemin j'rencontre le crisse de baril qui descendait;
j'en ai reçu un calvert de coup sur l'épaule; tabarnac que ça m'a fait
mal...

Mais c'est pas toute; moé j'continue à monter; rendu en haut, j'me
pette la tête sul calisse de madrier, pis j'me prends les doigts
dans l'hostie de poulie... J'pensa parde connaissance.

Quand l'baril touche à terre, le fond pette pis l'baril se vide.
Asteur, ciboire, chu plus pesant que l'baril; ca fait qu'hostie là,
j'descends en tabarnac; pis à moitié chemin en descendant,
j'rencontre encore le crisse de baril qui, lui, montait. Y m'a pas
manqué l'calisse, y m'a pogné dret s'une jambe; chu v'nu blême.
Rendu en bas, j'mécrase sul calisse de tas de briques... j'pensa
mourir là. Rendu la, j'me rappelle pu grand chose; chu tout étourdi;
ca fa que j'lâche la crisse de corde, pis l'baril se met à r'descendre,
pis me calisse un coup s'a tête; pis j'me r'trouve à l'hôpital.

C'est pour ça que je demande un congé de maladie.


[ Retour à la page principale ]